Pages 39, 40 et 41 de mon livre de poésies VIVRE TOUJOURS D'AMOUR fait à compte d'auteur en 1985:
© 1985 Tyern Mahé de Berdouaré.
Société Portugaise des Auteurs.
X
C'ÉTAIT UN SOIR D'AVRIL...
C'était un soir d'Avril, pas le premier, le deux,
Les vagues déferlaient et l'on voyait la lune,
Un nuage passait, on se sentait heureux,
Et l'on parla tout bas de chacun, de chacune.
On trouvait le temps beau, le soir calme et serein.
Tout près de moi marchait ton petit corps de femme
Et ce corps m'enivrait de son parfum marin.
J'aurais fait un péché, si je n'avais une âme.
Tu parlas des copains, de tes anciens amis,
Tu parlas de chansons qui t'avaient enchantée
Et la lune là-haut souriait à demi
De ta douce parole en ce soir enfantée:
Des garçons, avant moi, désiraient tes baisers
Mais ils n'eurent de toi qu'une amitié bien tendre.
Ils attendaient qu'un jour ton cœur soit délaissé,
Ils espéraient toujours pouvoir venir le prendre.
Puis insensiblement tu parlas de l'amour
Et là tes mots prenaient tant de grâce et de charme
Que j'aurais bien aimé t'entendre ainsi toujours,
Mais j'appris qu'à la joie il faut mêler les larmes.
Et la mer était là et toi à mes côtés.
Tu ramassas par terre un genre de brindille,
La nature prenait un air de chasteté,
P. 40
Dieu qu'elle me plaisait cette petite fille!
Tout un monde d'amour que ton cœur embrassait
Se fondait sur la plage et jouait sur les vagues,
Et moi je ne voyais pas que le temps passait
Mais je sentis m'étreindre une angoisse assez vague
Quand tu me dis: « C'est l'heure, hélas, il faut rentrer! » ...
Tu m'avais demandé de t'écrire un poème,
Je l'avais dans la poche et n'osais le montrer
Sachant trop ce qu'on fait aux gens de la bohème.
O oui! je pressentais que ce pauvre bonheur
Allait nous échapper, mais j'essayais de rire.
Je me voyais déjà loin de tant de douceurs,
Il n'en fallait pas tant pour que mon cœur chavire...
Petite fille un jour tu parleras de moi,
Mets-y de la pitié, mets-y de la tendresse,
Mets-y de la bonté et même, pourquoi pas,
Dis que l'on s'est perdu par la délicatesse.
Je me suis contenté d'un simple souvenir,
Je t'aimais trop. Pourtant qu'un autre te regrette!
J'ai compris depuis lors que pour vous retenir,
Vous, les petites fleurs, il faut l'instinct des bêtes!
C'est la chair qui retient et c'est encore la chair
Qui aime et qui soupire et qui est assoiffée,
P. 41
Et le poète apprend que le plus beau des vers
N'aura jamais l'attrait de la chair épousée.
Il y a des amants qui n'ont qu'un même cœur*
Comme l'eau et le lait ne forment qu'un liquide;
Il y a des amants qui perdent leur bonheur
Comme par accident, de manière stupide;
Il y a des amants qui ne se marient pas,
Tu ne m'as pas compris, je croyais te comprendre;
Il y a des amants qui se perdent de voix,
Qu'une jeune pudeur empêcha d'être tendres.
Tous ces aveux si doux aux accents puérils,
Les as-tu répétés à cet autre qui t'aime,
Toi qui as oublié ce calme soir d'Avril
Et cherché ton bonheur ailleurs qu'avec moi-même?
* Voir LXXIII, pour le sens à donner au mot « amant ».
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