POUR CE QU'IL EN RESTE EN MA MÉMOIRE...
1. Ce jour-là, pour ce qu'il en reste en ma mémoire,
J'allais prier la Vierge, appelée des Victoires,
Dans cette Basilique ayant le même nom
Bien mérité pour qui connaît l'histoire à fond.
2. Je répondais alors à une initiative
Conviant des Catholiques à cette foi active
Dont il est dit qu'avec elle on meut les montagnes
Et qu'elle fait d'un pleutre un chrétien qui témoigne.
3. Comment aurais-je pu alors imaginer
Que ce moment d'amour à la Vierge donné
Allait me revenir et quarante ans plus tard
Pour traverser mon cœur comme un coup de poignard ?
4. Cette nuit-là j'avais pris le train de banlieue
Et puis un autobus pour aller sur les lieux
Et je me retrouvai place des Petits Pères
Heureux d'aller prier avec mes sœurs et frères.
5. Or, arrivé avant le moment d'ouverture,
Je me décidai pour un peu de nourriture.
Voyant sur le parvis deux femmes à l'air gentil,
Je leur dis: « Y a-t-il un café par ici ?»
6. La plus jeune me dit: « Ma maman et moi-même,
Nous ne serions pas contre un petit café crême,
Car nous allons prier toute une longue nuit
Et nous n'avons pas même emporté des biscuits. »
7. À quoi je dis: « Eh bien, puisque l'on va passer
Toute la nuit ensemble, autant bien commencer.
Je suis seul, verriez-vous quelconque inconvénient
D'aller prendre avec vous un petit remontant ? »
8. Si j'étais devenu tout d'un coup si hardi,
Moi qui suis plus timide qu'un ange au paradis,
C'est que mon cœur sentait de tendres mouvements
Provoqués par la fille plutôt que la maman.
9. À quoi la demoiselle à robe et longs cheveux,
Répondit simplement: « Quelque part, on le veut;
Lorsque des Catholiques, à l'église ou en ville,
S'unissent, on a beau dire, on se sent plus tranquilles ! »
Refrain.
Souvenez-vous, ma douce, qu'à chaque soir qui tombe
Je sens votre présence me visiter dans l'ombre,
et que mes larmes coulent peut-être aux vôtres unies
D'avoir bâti sans vous mon château d'harmonies.
Dieu me destinait-il un autre pain de miel ?
Quand une étoile unique traverse notre ciel,
Au milieu des chemins qui coûtent à chaque pas,
Par quelle aberration ne la retient-on pas ?
Car vous étiez ce que j'avais toujours voulu,
Je le comprends après tout ce temps révolu
Mais je n'avais jamais ni le nom ni l'adresse
Pour vous montrer tout mon respect et ma tendresse.
10. Et c'est ainsi qu'à trois nous trouvâmes un café,
Où j'ai pu découvrir ce qu'est l'instant parfait.
On eût dit que le Ciel était au rendez-vous,
Et qu'il avait daigné s'abaisser jusqu'à nous.
11. Et toi, te souviens-tu de la nuit de prière,
Où je vous ai parlé à toi et à ta mère
Avant d'aller prier la Dame des Victoires
Après nous être assis dans un café pour boire ?
12. Car là comme inondés par la joie et la paix
Nous parlâmes de tout dans un joyeux respect.
Avec le temps hélas! j'ai perdu ton visage,
Et le reconnaîtrè-je en voyant ton image ?
13. Mon Seigneur, quand je vis cette si belle tête,
Je ne me sentais pas si près de la tempête.
Je me disais: « Demain, ou les jours qui suivront,
Nous nous retrouverons, nous nous découvrirons ! »
14. Notre amitié avait alors de si beaux germes.
Jamais je ne pensais si tôt y mettre un terme.
Et pourtant c'est hélas ce qui est arrivé,
Tel un amour perdu avant d'être trouvé.
15. Mais le pire à mes yeux dans cette triste histoire
C'est que je suis l'auteur de mes propres déboires,
Le paradis me fut une nuit proposé,
Que par peur et erreur j'ai alors refusé.
16. Et maintenant je vis un temps de solitude.
Parfois je me replonge avec béatitude
Quarante ans en arrière dans ce petit café
Me demandant ce que la vie d'elle aura fait.
17. Souviens-toi que ce soir venant de ma province,
Je vous parlai aussi longtemps du Petit Prince
Et je vous confiais comment le Saint Esprit
Aurait pu inspirer un Saint Exupéry.
18. Et quand à votre tour vous preniez la parole,
Je respirais la rose, la tige et la corolle.
Puis nous nous séparâmes sans échanger d'adresse
Pensant nous retrouver au sortir de la Messe
Refrain.
Souvenez-vous, ma douce, qu'à chaque soir qui tombe
Je sens votre présence me visiter dans l'ombre,
et que mes larmes coulent peut-être aux vôtres unies
D'avoir bâti sans vous mon château d'harmonies.
Dieu me destinait-il un autre pain de miel ?
Quand une étoile unique traverse notre ciel,
Au milieu des chemins qui coûtent à chaque pas,
Par quelle aberration ne la retient-on pas ?
Car vous étiez ce que j'avais toujours voulu,
Je le comprends après tout ce temps révolu
Mais je n'avais jamais ni le nom ni l'adresse
Pour vous montrer tout mon respect et ma tendresse.
19. Mais voilà qu'arrivés au milieu de la place,
Pour aller à l'église y implorer des grâces,
Votre voix tout d'un coup retentit dans la foule
Comme un tonnerre qui éclate et se déroule.
20. Et cette voix clamait haut une vérité,
Qu'à aucun prix alors je n'aurais affrontée.
Aussi fis-je le sourd, bien à tort je précise,
Et je me faufilai jusqu'au fond de l'église.
21. Après avoir prié une nuit tout entière,
À l'heure où dans Paris s'éteignent les lumières,
Chacun se retira pour rejoindre son toit
Et moi je m'esquivai sans que l'on se revoie.
22. Or voici ce qu'après ces quarante ans passés
Le Saint-Esprit m'aura sur elle révélé.
Je dis 'sans doute' car dit Saint Paul de la Croix
- et lorsqu'un saint vous parle il est bon qu'on le croie - ,
23. « Soyez bien sur vos gardes ( je redis mot pour mot ),
« car très souvent l'on prend pour lumière d'en haut
Ce qui n'est que l'effet de notre propre esprit ».
- Ceux qui n'en savaient rien aujourd'hui l'ont appris -,
24. Saint Paul dit « très souvent ! », il ne dit pas « toujours ! »
Ce qui laisse une marge à cet Esprit d'Amour.
Lui qui fit la clarté, il n'éclairerait pas
Notre chemin semé d'écueils à chaque pas ?
25 Il me parait utile de préciser quand même
Qu'assez souvent je prie le Saint-Esprit que j'aime.
Oh, je n'ignore pas que je suis un pécheur
Mais celui qui se dit sans péché est menteur.
26 Le Saint-Esprit me dit dans Sa manière à Lui
- Ce n'étaient pas des mots mais j'ai très bien compris - :
« Cet enfant qu'en un jour tu as vu et perdu,
Sache que depuis ce temps elle t'a attendu ! »
27. Dieu m'avait-Il donc mis sur ma route cette fille
Pour que selon Son Cœur on fonde une famille
Accomplissant ainsi Son désir exprimé,
Par la bouche de Sa crucifiée bien aimée ?
Refrain.
Souvenez-vous, ma douce, qu'à chaque soir qui tombe
Je sens votre présence me visiter dans l'ombre,
et que mes larmes coulent peut-être aux vôtres unies
D'avoir bâti sans vous mon château d'harmonies.
Dieu me destinait-il un autre pain de miel ?
Quand une étoile unique traverse notre ciel,
Au milieu des chemins qui coûtent à chaque pas,
Par quelle aberration ne la retient-on pas ?
Car vous étiez ce que j'avais toujours voulu,
Je le comprends après tout ce temps révolu
Mais je n'avais jamais ni le nom ni l'adresse
Pour vous montrer tout mon respect et ma tendresse.
28 Je fus en retraite à Châteauneuf-de-Galaure,
— À cette époque Marthe Robin vivait encore -;
Lorsqu'on m'introduisit auprès d'elle, dans le noir,
Je demandai: « Où est selon Dieu mon devoir ? »
29. Elle me dit ( ces mots encore dans mon cœur brillent ):
« Que vous fondiez selon Son Cœur une famille! »
Ce n'est pas que j'en ai douté sur le moment,
Mais ils m'auront porté à réfléchir vraiment.
30. Car si vous connaissiez mon histoire un peu mieux,
Vous sauriez qu'en secret j'appartenais à Dieu,
Depuis qu'un soir il m'eut éprouvé de main forte
Et que je mis l' idée du mariage à la porte.
31. Mais pour comprendre bien tout ce qu'elle a souffert
- Les mots restent des mots s'ils n'entrent dans la chair -,
Je dois vous dire ici ce qui m'est arrivé
Quand j'écrivais que Dieu me l'avait réservée.
32. Une fille a sonné vers les six heures du soir.
Elle me voulait quoi ? J'ouvris pour le savoir.
Elle me proposait des biens à prix réduits
Contre un abonnement, pour ma bourse, hors de prix.
33. Et puis, comme je suis d'un abord peu morose,
Et que sa beauté comme en obligeait la chose,
Je lui dis juste avant notre séparation :
« Ça me ferait plaisir que nous nous revoyions !»
34. « Quoi ! Quoi ! - me direz-vous - comment ça, d'un seul coup ? »
— « Ce que j'aime en la femme, elle l'avait en tout !
Je l'attendrai cent ans, s'il le faut davantage,
Tout en la cherchant dans le Livre des Visages.
35. Mais sachant maintenant que depuis si longtemps,
Une femme peut-être encore en vie m'attend,
J'aurais mauvaise grâce à faire comme si
Le Seigneur Saint jamais ne m'en avait rien dit.
36. Et je vais travailler le peu de jours qui restent
Épiant chaque mot, chaque regard et geste,
À tenter de trouver sous ses maigres vestiges
Dans quel corps bat ce cœur relevant du prodige.
Refrain.
Souvenez-vous, ma douce, qu'à chaque soir qui tombe
Je sens votre présence me visiter dans l'ombre,
et que mes larmes coulent peut-être aux vôtres unies
D'avoir bâti sans vous mon château d'harmonies.
Dieu me destinait-il un autre pain de miel ?
Quand une étoile unique traverse notre ciel,
Au milieu des chemins qui coûtent à chaque pas,
Par quelle aberration ne la retient-on pas ?
Car vous étiez ce que j'avais toujours voulu,
Je le comprends après tout ce temps révolu
Mais je n'avais jamais ni le nom ni l'adresse
Pour vous montrer tout mon respect et ma tendresse.
FIN
Monsieur Yannick Charbonnel ( veuf non remarié )
alias Tyern Mahé de Berdouaré
rua 25 de Avril n° 9
Penela 3230-280 ( Portugal )
Tel (24h/24 ) 00351 916 072 833
2 avril 2016